Le Système Aquifère du Sahara Septentrional (SASS), est un aquifère profond partagé entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye. Le SASS désigne une superposition complexe de nappes dont deux principales couches aquifères sont logées dans deux formations géologiques différentes : le Continental Intercalaire (CI ou l’Albien) et le Complexe Terminal (CT).
L’exploitation de cet aquifère est très ancienne, d’abord à travers les sources, les puits de surface et les foggaras, ensuite moyennant des forages de plus en plus profonds, pouvant dépasser dans certains cas les mille mètres.
Le SASS s’étend sur un million de km² et renferme des réserves d’eau considérables mais peu renouvelables et qui ne sont pas exploitables en totalité.
La situation de surexploitation, confirmée par le modèle mis en place par le projet SASS de l’OSS, a exposé le SASS à des risques accrus de salinisation des eaux, de disparition de l’artésianisme, et de tarissement des exutoires.
La zone SASS couvre des écorégions allant des zones désertiques (avec une pluviométrie annuelle << 100mm et une évapotranspiration >> 3000mm) aux zones arides (avec une pluviométrie annuelle de 100-.200mm et une évapotranspiration de l’ordre de 2000-2500mm).
Evolution de la demande en eau
Au cours de la seconde moitié du vingtième siècle, l’intensité d’exploitation de cette ressource n’a pas cessé d’augmenter au fil de l’accroissement de la demande ; elle est passée de 0,6 à 2,5 milliards de m3/an dans l’ensemble des trois pays, sans aucune concertation entre eux par rapport aux risques de surexploitation de cette ressource.
Les projections de l’accroissement de la pression sur cette ressource au cours des prochaines décennies sont encore plus alarmantes. Cette pression est rapportée aux tableaux 1 et 2 des projections de la croissance démographique et de la superficie totale irriguée dans cette zone jusqu’à l’horizon 2050.
Prévision de l’évolution des superficies irriguées dans les zones SASS des trois pays
Pays | Superficie en ha 2000 | Superficie en ha 2020 | Superficie en ha 2050 |
---|---|---|---|
Algérie | 170 000 | 300 000 | 340 000 |
Tunisie | 40 000 | 55 000 | 70 000 |
Libye | 40 000 | 77 000 | 103 000 |
Total | 250 000 | 432 000 | 513 000 |
Projections démographiques (habitants de la zone SASS et par pays)
Pays | Superficie en ha 2000 | Superficie en ha 2020 | Superficie en ha 2050 |
---|---|---|---|
Algérie | 2 600 000 | 3 700 000 | 4 800 000 |
Tunisie | 1 000 000 | 1 800 000 | 2 300 000 |
Libye | 1 200 000 | 1 500 000 | 1 700 000 |
Total | 4 800 000 | 7 000 000 | 8 800 000 |
Une ressource en surexploitation
En 2011, l’enquête menée dans la zone SASS de Tunisie dans le cadre de ce projet, a montré que la superficie irriguée dans cette zone a atteint déjà plus de 52 000 ha. La même tendance a été constatée en Algérie. De nos jours, la surexploitation n’est que plus évidente et elle est amplement avérée par le tarissement complet de la plupart des sources, la réduction de l’artésianisme, le rabattement des niveaux piézométriques, la dégradation de la qualité des eaux par salinisation et l’interférence négative, par endroits, entre les pays.