Le concept de « pilote de démonstration » est emprunté au domaine de l’innovation technologique industrielle, où l’innovation est souvent créée dans des systèmes de production miniaturisés et isolés du contexte de la grande production.
Dans le cadre du projet SASS III et pour que les innovations soient fiabilisées aux plans physique, socio-économique et environnemental, les expérimentations se font dans des pilotes de démonstration ; c'est-à-dire des unités-prototypes grandeur nature dont la taille est comparable à celles des exploitations concernées par les innovations.
Le « pilote de démonstration agricole » du projet SASS III s’entend comme une opportunité de démonstration de la fiabilité et de l’efficacité d’un paquet technologique de production agricole, appliqué par les agriculteurs eux-mêmes sur leurs propres exploitations.
Par « innovation », le projet entend l’introduction nouvelle de solutions techniques souvent déjà existantes et éprouvées dans un ou plusieurs pays du SASS (Algérie, Libye et Tunisie), ou ailleurs, ce qui rend leur transfert réalisable.
Le montage d’un paquet de solutions techniques assorties de mesures d’ordres social et organisationnel et leur déploiement sur des unités de production grandeur-nature, chez les exploitants eux-mêmes, est de nature à encourager les changements nécessaires dans le voisinage direct des pilotes. L’adoption du changement implique une amélioration de la gestion des terres et des ressources en eau.
Les pilotes sont donc conçus comme des modèles de mise en œuvre de ces solutions, apprêtées et intégrées aux contextes socio-économiques locaux concernés. S’ils sont réalisés convenablement, ils seront en mesure de générer des résultats positifs qui auront vocation à être diffusés le plus largement possible, avec les adaptations parfois nécessaires, dans le bassin du SASS.
Il importe de souligner cependant que ces pilotes ne se proposent pas de traiter les causes structurelles des faibles performances de l’agriculture irriguée, comme la pénurie structurelle d’eau (transfert d’un complément d’eau d’une autre zone) ou les questions foncières (morcellement, réduction des superficies au fil du temps) qui nécessitent des réformes profondes sur le long terme.
La description de la thématique de chaque pilote permet de cerner le champ des actions à mener. Ce champ pourrait, en théorie, couvrir une multitude d’actions dans le cadre d’une approche systémique, intégrant tous les segments du parcours de l’eau (mobilisation, distribution, utilisation agricole, drainage). Cependant, compte tenu des limites budgétaires, l’équipe du projet SASS III a procédé à une hiérarchisation des actions possibles pour ne considérer que celles jugées à la fois les plus décisives, innovantes et ayant des résultats concrets avec un impact de démonstration prégnant dans le court terme.